Nouveaux scénarios : les circuits neuronaux impliqués dans la dépression et la schizophrénie – les avancées

18/04/2013
Cycle
Par: Dr. Francesc Artigas | CSIC-IDIBAPS
Lieu: Salle des Actes
Horaire: 18:30
Traduction simultanée: Non
Nouveaux scénarios : les circuits neuronaux impliqués dans la dépression et la schizophrénie – les avancées

Cela fait déjà de nombreuses années que les maladies du cerveau représentent une dépense économique de première ampleur dans nos sociétés industrielles. Une étude récente de l’European Brain Council chiffre à près de 800 milliards d’euros par an le coût de toutes les maladies cérébrales dans l’Europe des 27 (Smith, Nature 2011). Ce chiffre comprend à la fois les coûts directs (médicaments, traitements, etc.) et les coûts indirects (arrêts maladies, répercussion sur l’entourage familial, etc.) du large éventail des maladies neurologiques et psychiatriques ainsi que des autres problèmes liés à un mauvais fonctionnement du cerveau (migraines, addictions, tumeurs, etc.).

Les maladies psychiatriques sont les responsables d’un tiers de ce coût avec au premier chef, la dépression suivie par les troubles de l’anxiété et les troubles psychotiques (schizophrénie et les syndromes qui y sont liés). La dépression touche un pourcentage très élevé de la population. Selon les données de l’Organisation Mondiale de la Santé, une femme sur cinq et un homme sur dix souffrent d’un épisode de dépression au court de leur vie. La dépression se caractérise par une grande variété de symptômes dont notamment la perte d’intérêt dans les activités habituelles, l’incapacité d’éprouver du plaisir, les sentiments de culpabilité et une faible estime de soi, une peine et une plainte irrépressibles, les troubles du sommeil et de la faim, l’anxiété, les difficultés de concentration et les problèmes de mémoire, etc. Le traitement de la dépression se fait généralement avec des médicaments, qui ne sont efficaces que dans deux tiers des cas et ce, après des prises prolongées sur plusieurs mois. Les patients qui ne répondent pas aux différentes stratégies de traitement représentent un problème très grave de par la tendance au suicide auquel peut les conduire la grande souffrance psychique qu’ils éprouvent.

Au cours de ces 20 dernières années, différentes zones du cerveau impliquées dans la physiopathologie de la dépression ont été identifiées. Parmi celles-ci, on mentionnera une partie du cortex préfrontal, le cortex cingulaire ventral (ECV) dont la fonction semble être exaltée chez les groupes de patients qui ne répondent pas aux traitements habituels. Cette zone joue donc un rôle clé dans le fonctionnement du cerveau et il semble très probable que son altération provoque un effet cascade dans d’autres zones du cerveau à l’origine de la grande variété des symptômes de la dépression. L’importance des circuits cérébraux impliqués dans l’ECV peut se démontrer en stimulant cette zone par des signaux haute fréquence qui ont un effet antidépresseurs chez les patients qui ne répondent à aucun autre traitement.

Pour ce qui est de la schizophrénie, il s’agit d’une maladie d’éthyologie inconnue au diagnostic pire que celui de la dépression puisque son traitement est purement symptomatique, à base de médicaments antipsychotiques qui ne sont efficaces que pour les symptômes dits « positifs » (agitation, locution et pensée incontrôlées, attitudes violentes, hallucinations, etc.). D’autres symptômes comme les « négatifs » (anxiété, sentiments dépressifs, isolement social, etc.) ou les problèmes cognitifs, n’ont aucun traitement adapté. Les altérations cérébrales de la schizophrénie sont passablement plus complexes que celles liées à la dépression car elles sont impliquées dans un grand nombre de zones et de circuits cérébraux parmi lesquels le cortex préfrontal.

Les études par imagerie cérébrale ainsi que les nombreux travaux qui sont réalisés sur des animaux de laboratoire, permettront dans un futur proche d’identifier les éléments cellulaires et neurochimiques à partir desquels on pourra développer de nouveaux médicaments permettant un meilleur traitement de ces deux maladies psychiatriques aux répercussions si grandes dans notre société.


Cycle: Défis du XXIème Siècle la Voix de la Médecine, III


Organisé par: Résidence de Chercheurs. ILS COLLABORENT: Fundació Clínic Barcelona, IDIBAPS, RESA et Col·legi Oficial de Metges de Barcelona




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